Un faux reportage qui circule massivement

Depuis le week-end du 15 au 16 février 2025, une vidéo prétendant être un reportage de Radio France Internationale (RFI) et France 24 circule abondamment sur les réseaux sociaux et WhatsApp. Ce faux reportage critique le rapport de la Cour des Comptes intitulé “Audit du rapport sur la situation des finances publiques : Gestion 2019 au 31 mars 2024”.

Relayée principalement par des militants et sympathisants de l’ancien régime de Macky Sall, cette vidéo s’accompagne de commentaires tels que :

“Un reportage de RFI sur le rapport de la Cour des Comptes”

“Le Sénégal est devenu la risée de l’Afrique et du Monde”

“On est la risée du monde entier”

Une manipulation basée sur du faux contenu

Après vérification, il s’avère que ce supposé reportage n’a jamais été diffusé ni par RFI ni par France 24. Aucun article ou vidéo n’a été publié sur leurs plateformes officielles à ce sujet. L’analyse de la vidéo révèle plusieurs indices de falsification :

Le logo des chaînes a été inséré artificiellement.

La voix off est une imitation mal synchronisée avec les images.

Certains extraits proviennent d’anciens reportages étrangers, sans rapport avec le Sénégal.

Une tentative de manipulation de l’opinion publique

Ce type de désinformation s’inscrit dans un contexte où le rapport de la Cour des Comptes suscite de vives réactions. Certains acteurs politiques cherchent à orienter l’opinion publique en exploitant les émotions et en créant une confusion médiatique. La diffusion de ce faux reportage vise manifestement à discréditer le document officiel et à alimenter la défiance envers les institutions.

Où sont les journalistes sénégalais ?

Face à cette vague de désinformation, une question légitime se pose : où sont les journalistes sénégalais ? Pourquoi ce sont des médias étrangers qui sont souvent pris comme référence pour valider une information ? Il est essentiel que les médias nationaux renforcent leur rôle de veille, de vérification et d’information objective.

L’ampleur de la propagation de ce faux reportage souligne l’urgence pour les journalistes sénégalais de renforcer le fact-checking et d’éduquer le public sur la manipulation médiatique. Il est crucial que les citoyens apprennent à identifier et dénoncer ces contenus falsifiés afin de préserver un débat public sain et informé.

Cette affaire rappelle à quel point la désinformation peut être instrumentalisée à des fins politiques. Il est impératif que les Sénégalais développent des réflexes de vérification avant de partager une information. Le rôle des journalistes est plus que jamais crucial pour contrer les manipulations et rétablir la vérité des faits.

Par Matar Ndiaye, journaliste d’investigation